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Attentat à Nice : après la tourmente, les restaurateurs veulent de la sérénité

Une semaine après l’attentat du 14-Juillet, les restaurateurs se remettent doucement mais sûrement. Au coeur de la polémique qui vise une de leurs consoeurs gérant du restaurant Le Grand Balcon, certains  racontent cette soirée meurtrière sur la promenade des Anglais.

 

“A Nice, la vie reprend son cours. Malgré ces terribles événements, il faut que tout le monde fasse des efforts”, commente Hubert Boivin, le président de l’Umih Côte d’Azur, depuis une des nombreuses terrasses de restaurants de la promenade des Anglais.

Une semaine après l’attentat terroriste du 14-Juillet, au restaurant La Canne à Sucre, situé à 400 mètres du lieu où le camion blanc a terminé sa macabre course, les souvenirs de cette horrible soirée se multiplient. “C’était la fête, le restaurant était plein de monde à l’intérieur et sur la terrasse et d’un seul coup, le cauchemar”, explique le gérant, Tarek Salem qui a accueilli de nombreuses personnes dans son restaurant pour les protéger.

“Nous avions des consignes contradictoires de la part des forces de l’ordre”, Tarek Salem, gérant de La Canne à Sucre

“Dans un coup de panique, les gens sont rentrés dans le restaurant, tout le monde s’est mis par terre. J’ai vu des enfants, j’ai fait rentrer tout le monde, mis des personnes dans la cave. On était près de 500 dans le restaurant. Mais nous avions des consignes contradictoires des forces de l’ordre : certains nous disaient de laisser nos portes ouvertes, d’autres de les fermer et de ne laisser entrer personne.”

Le Grand Balcon au coeur de la polémique après l’attentat du 14-Juillet à Nice

Un témoignage qui fait écho à celui de Karine, la restauratrice du Grand Balcon à Nice, qui se défend d’avoir suivi “les instructions de la police et du Raid de s’enfermer à l’intérieur”, dans une vidéo réalisée par le Figaro. Depuis le 14-Juillet, la gérante de cette institution niçoise, est lynchée sur les réseaux sociaux parce qu’un des employés de son établissement a bloqué l’entrée à quatre jeunes femmes lors de l’attaque.

Une publication partagée 10 000 fois avant d’être supprimée par son auteure

Une posture surprenante étant donné la situation. “Il nous a même pous­sées et nous a hurlés dessus. Son restau­rant est « Le grand balcon. Je compte sur vous pour lui faire de la pub”, pouvait-on lire sur la publication du compte Facebook d’une des quatre jeunes femmes, un post partagé plus de 110 000 fois avant d’être supprimé.

TripAdvisor et Facebook utilisés pour decendre la réputation du restaurant niçois

Sur Trip Advisor, un appel est alors lancé pour inviter les gens à mettre leurs commentaires sur l’attitude du restaurant. S’ensuivent menaces de mort, emails accusateurs et autres appels critiquant la restauratrice et son équipe. Au coeur de cette polémique, deux pages Facebook sont même créées : Honte au restau­rant Le Grand Balcon (supprimée depuis) et Soutien au restau­rant Le Grand Balcon.

Maîtriser la crise aussi pour la réputation de son restaurant

Un épisode qui montre que le secteur de la restauration doit se préparer à de telle gestion de crise, surtout pour la réputation des établissements. Car, comme le fait justement remarquer Hubert Boivin, le président de l’Umih Côte d’Azur pour les cafetiers et restaurateurs, “les seuls commerces qui sont ouverts les soirs, aux heures où ont eu lieu les derniers attentats les plus meurtriers en France sont les restaurants, les bars et les boîtes de nuit. A Nice, la profession a tendu les bras à tous ceux qui avaient besoin de se réfugier quelque part le soir du 14-Juillet. Aujourd’hui, il faut continuer à travailler et garantir la sérénité de nos clients.”

Heba Hitti

Mise à jour le 12 décembre 2023

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