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Quelles sont les retombées économiques que peuvent espérer les restaurateurs pendant l’Euro 2016 ?

Bars_et_restaurants_de_Saint-Etienne.jpgA moins de 30 jours de l’Euro 2016, les restaurateurs espèrent voir leurs tables se remplir et afficher complet. Cependant ce grand rendez-vous sportif va-t-il vraiment doper leurs recettes ?

Bars_et_restaurants_de_Saint-Etienne.jpg1,2 milliards d’euros. C’est le montant des retombées économiques que devrait générer l’organisation de l’Euro 2016 en France, selon le Centre de droit et d’économie du sport (Cdes). Alors évidemment, les restaurateurs  des dix villes qui accueilleront des matches veulent aussi une part du gâteau, notamment pour pallier aux manques de ponts du mois de mai. Cependant, à trois semaines de la compétition, les carnets de réservation en ligne ou papier ne sont pas encore tous remplis.

A Nice, “on s’attend à un gros ticket de dépenses des visiteurs” dans la restauration

Nice, comme le reste du département des Alpes-Maritimes, est plus habituée à accueillir des visiteurs pour des événements comme le célèbre carnaval en février ou le Festival de Cannes voisin, que des compétitions de football. Mais les professionnels se frottent les mains à l’approche de l’Euro 2016:  “Le milieu sportif attire une excellente clientèle qui, cette fois-ci, va venir de toute l’Europe. On s’attend à un gros ticket de dépenses des visiteurs, notamment dans les brasseries”, souligne Hubert Boivin, le président de l’Umih Côte d’Azur, sans pouvoir estimer un montant précis. Hors manifestations, l’union évalue le ticket moyen entre 20 et 22 euros dans les restaurants traditionnels de la ville.

141 millions d’euros de retombées espérées du côté de Marseille

A Marseille, terre historique du football avec la présence de l’OM, six matches seront joués au stade Vélodrome. Les dépenses des spectateurs pourraient avoir un impact de 141 millions d’euros dans les secteurs de l’hébergement, la restauration, le tourisme et le transport. Sans compter celles liées à l’accueil des membres des équipes (Angleterre, Russie, Hongrie, Islande, Ukraine et Pologne), du staff et des organisateurs de l’UEFA qui se chiffrent à 12 millions d’euros.

Lens et Lille : les deux pôles d’attractions gourmandes pour les supporters dans le Nord

Beaucoup plus au nord, les nombreuses réservations dans les hôtels de Lens et Lille font déjà rêver les restaurateurs de la nouvelle grande région Nord-Pas-de-Calais-Picardie. Surtout que le Cdes estime les retombées économiques des dépenses des spectateurs étrangers à 77 millions d’euros pour Lens et 50 millions d’euros pour la métropole lilloise. Ici aussi, ce sera la première fois que les deux villes accueillent un événement sportif international. Selon Gérard de Poorter, le vice-président de l’Umih Région Hauts de France, la Coupe Davis et les deux demi-finales du Top 14, qui s’étaient déroulées à Lille en 2015, avaient déjà tenu leurs promesses pour les restaurateurs. Convaincus par ces bonnes recettes, ils espèrent de plus grandes rentrées d’argent pour l’Euro 2016.

Les tables stéphanoises se préparent à une activité dense, localisée et courte

A Saint-Etienne, le ton est un peu plus modéré quand il s’agit d’évoquer de grandes retombées économiques pour les restaurateurs. “Elles seront différentes en fonction des métiers et de la localisation. Les bars, brasseries et restaurants du centre-ville et des abords du stade Geoffroy-Guichard, s’attendent à bénéficier à une activité sans commune mesure avec ce qu’il se passe d’habitude. Pour les établissements en périphérie, les retombées seront moins importantes”, nuance Antoine Martinez, en charge des restaurateurs à l’Umih 42 qui compte deux cents adhérents restaurateurs dans le département.

Cependant Saint-Etienne n’est pas une ville où une équipe nationale de football va s’installer comme ce fut le cas en 1998. Une grande partie des joueurs et de leurs supporters seront présents les jours de matches sur des temps très courts, avant de repartir.” En effet, l’UEFA oblige les équipes à ne pas être logées trop loin du stade, pas plus de 60 kilomètres. Avec Lyon toute proche, les délégations étrangères risquent de préférer l’offre hôtelière et de restauration pléthore de la capitale des Gaules, tout comme leurs supporters qui se déplacent là où sont leurs joueurs.

Inquiétudes sur l’impact des Fan Zones

352 millions de retombées économiques prévues dans ces espaces délimités

Autre inquiétude, cette fois généralisée aux dix villes qui accueillent l’Euro 2016 : les fameuses “Fan Zones”, des espaces montés de toute pièce pour accueilllir les supporters aux abords des stades. Chacune des dix villes aura la sienne avec son lot de restaurants, brasseries et pôles de restauration rapide. Leur concurrence n’est pas négligeable : 352 millions d’euros de retombées en France avec un panier moyen de dépenses de 150 € par jour et par personne, de la part des supporters étrangers. “Cela va représenter une certaine concentration de personnes, mais on ne sait pas encore quelle impact elle va avoir sur nous”, ajoute Antoine Martinez qui est aussi propriétaires de quatre établissements à Saint-Etienne.

Les restaurateurs obligés de payer une redevance à l’UEFA pour être dans la Fan Zone

Dans la périphérie de Lens, à Villeneuve d’Ascq, dans où se situe l’enceinte Pierre-Mauroy, des voix se sont élevées pour la défense des restaurateurs rapporte la Voix du Nord. Notamment celle du maire, Gérard Caudron : “Les restaurateurs ont pris des risques en s’installant au stade Pierre-Mauroy. Or, dès qu’ils ont la possibilité de compenser les périodes plus calmes, on les exclut de l’événement !” Car, si les enseignes situées à l’arrière du stade veulent pouvoir être dans le périmètre de la Fan Zone, elles doivent payer 600 euros par jour de match mais aussi porter les couleurs de l’UEFA et de ses sponsors. En cas de refus, les restaurateurs se retrouveront derrière une palissade haute de 2,60 m, bien moins visibles pour attirer une partie des 50 000 spectateurs attendus lors des rencontres sportives.

La grogne des professionnels du 93

A Saint-Denis, les restaurateurs situés aux abords du Stade-de-France, mais hors de ce périmètre, se sont même dits prêts “à attaquer en justice le mur de l’Euro”, selon Europe1. Eux aussi espéraient pouvoir servir une partie des 80 000 spectateurs attendus lors des sept jours de matches, notamment à l’ouverture de l’Euro 2016 le 10 juin prochain. Et comme leurs pairs du Nord, la clôture opaque de la Fan Zone risque d’avoir un impact négatif sur leur activité. Déjà, sa mise en place occasionne “du bruit et des problèmes de stationnement” qui auraient fait baissé de 20 à 30% le chiffre d’affaires des tables voisines du Stade de France.

Un spectateur sur sept avait regardé les matches à l’extérieur lors de la Coupe du Monde 2010

En 2010, CHD Expert s’était intéressé à l’effet de la Coupe du Monde sur la consommation hors domicile. Seulement 13% des spectateurs avait regardé les matches à l’extérieur que ce soit dans un bar, un restaurant, un hôtel où devant un écran géant installé pour l’occasion. Le lieu privilégié était le bar-brasserie avec 6 % d’adeptes.

La fréquentation des restaurants tributaire des résultats des Bleus

En cause : la compétition se déroulait en Afrique du Sud, loin de la France, mais aussi et surtout le fiasco de l’équipe de France qui, après avoir fait grève dans le bus, avait perdu 2-1 contre l’équipe du pays organisateur. Un échec et une débâcle qui ont eu des conséquences directes sur la liesse des clients et leur envie de se retrouver à l’extérieur de chez eux pour partager un repas.

Après le premier match de poule, près de 32% de ceux fréquentant les cafés, hôtels et restaurant avaient alors confié à CHD ne pas vouloir continuer à voir les matches à l’extérieur si la France se faisait éliminer de la Coupe du monde. Les professionnels de la restauration n’ont plus qu’à espérer que le onze de Didier Deschamps arrive jusqu’en finale.

L’Euro 2016 : une carte à jouer pour attirer des clients dans son restaurant

Selon Nicolas Nouchi, directeur général de CHD Expert, les établissements qui diffuseront le match dans leur salle auront une fréquentation positive. En revanche, il rappelle que la Coupe du monde avait eu un très mauvais effet pour les autres points de vente qui avaient souffert du retour précipité de leur consommateurs à la maison.

Heba Hitti

Mise à jour le 12 décembre 2023

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